Une exposition d’Anne-Laure Boyer au Mémorial du camp de Rivesaltes
Du 21 octobre 2015 au 30 juin 2016
Invitée en résidence de création pour réaliser la première exposition temporaire du Mémorial, Anne-Laure Boyer présente un film, « la Marche de Rivesaltes », et un ensemble de lettres, les « Lettres de Rivesaltes ».
Le film « la Marche de Rivesaltes » évoque l’exil, le destin collectif, mais aussi la solidarité, l’engagement et l’hommage rendu par celles et ceux qui sont debout aujourd’hui. Cette marche publique a eu lieu le 7 juin 2015 au le camp de Rivesaltes et a mobilisé une centaine de participants qui ont avancé face à la caméra, leur regard tourné vers un horizon qui appelle à la fois le passé et l’avenir. La création sonore qui accompagne le film a été réalisée avec le compositeur Guillaume Laidain à partir d’entretiens croisés avec 18 personnes liées à l’histoire du camp de Rivesaltes. Ces paroles comme des échos, résurgences et résonances, accompagnent le visiteur pendant son cheminement dans l’exposition, en multidiffusion sur 10 enceintes.
Les lettres sont issues d’un appel à écriture adressé à tous, pour ouvrir un espace où chacun peut déposer sa propre parole autour du vécu et des problématiques soulevées par le camp de Rivesaltes, et par les camps en général. Plus de 150 lettres ont été reçues à ce jour, écrites par des personnes de tous horizons, témoins directs et indirects, parents et enfants, intellectuels, associatifs, artistes et militants…
Ces courriers ont été mis sous enveloppes scellées. Le visiteur de l’exposition est invité à choisir une enveloppe au hasard, y inscrire son adresse et la poster dans la boîte aux lettres de l’exposition. Il la recevra chez lui quelques jours plus tard. C’est seulement là qu’il découvrira le récit d’une des personnes ayant participé à cet appel à écriture, avec la possibilité de répondre à l’auteur de la lettre. Alors que les camps sont des lieux de mise à l’écart du monde, ces lettres ont vocation à faire exister une parole enfouie, à croiser les histoires et à provoquer des résonances entre des vécus différents. Dans cette exposition, l’artiste réactualise la lettre, à valeur hautement symbolique, dans sa vocation de transmission et de partage, pour créer de nouveaux liens entre des personnes qui ne connaissent pas, et qui peut-être ne se rencontreront jamais ailleurs que dans l’espace intime de ces courriers.
Les camps d’internement et de relégation français ont trop longtemps été occultés. Avec cette marche et cet appel à écriture de lettres, Anne-Laure Boyer propose une nouvelle occasion de s’approprier cette histoire lourde et complexe, afin de la porter tous ensemble. Pour construire une mémoire commune qui interroge le monde d’aujourd’hui.
À la fin de l’exposition en juin 2016, l’intégralité des lettres sera rendue publique.